« Via Sibi » est un atelier de joaillerie situé à Angers, qui innove pleinement… Sa jeune gestionnaire Flora Chapolin, seulement âgée de 27 ans, conçoit des bijoux qui s’adaptent aux personnes en situation de handicap. Comme l’illustre la bague « Orthèse ». L’élégance imprègne ses créations, tout comme la féminité. Se couple à ces deux qualités, l’ergonomie : les bijoux sont pensés dès leur conception pour être faciles à enfiler et à porter.

Rencontre avec Flora Chapolin, joaillière.


Qu'est-ce qui vous a conduit à faire des bijoux adaptés ?
Cette idée m’est venue vers la fin de mon apprentissage, après 6 ans d’études en joaillerie. Cela est né de discussions, d’anecdotes, échanges avec ma mère, ergothérapeute. J’avais moi-même découvert le milieu du handicap avant ma formation de joaillière par le biais de jobs d’été en centre de rééducation. J’ai alors réalisé que ma capacité à travailler le métal offrait de belles et nouvelles possibilités, et que si la mode vestimentaire adaptée existait, il n’y avait en revanche rien en bijouterie. J’ai commencé à réfléchir à ce sujet et à en parler un peu, et j’ai rapidement eu des demandes, notamment sur la fabrication de bagues orthèses.


Quelles sont les caractéristiques de ces gammes ? Tous ces bijoux adaptés doivent-ils nécessairement être sur-mesure ?
Ces bijoux ne sont pas simplement adaptés, ce sont des bijoux beaux et pratiques. Ils ont pour la plupart la vocation d’être portés par toutes et tous, handicapés ou non. Une petite bague orthèse légère peut être un bel accessoire de mode !
Toutes les réalisations ne sont pas en sur-mesure, par exemple, le fermoir Ogive. Mais la plupart le sont, telles que les orthèses qui méritent plus de précision et sont donc fabriquées à la commande en fonction de la taille de doigt et de main de l’acheteur. Il est également possible de les personnaliser au même titre qu’un bijou classique.

Quelle est la qualité que vous essayez de développer pour comprendre les besoins et envies spécifiques de vos clients ?
À mon avis le plus important est d’être à l’écoute, et de savoir s’extraire des codes que l’on connait pour laisser libre cours à l’imagination. Le processus est un peu le même que la création de bijou sur mesure traditionnel : on a un besoin, des envies, il faut trouver la solution la mieux adaptée pour y répondre. Mais il faut être précis et pointu dans l’élaboration de la solution, car elle doit résoudre un problème important, je m’adresse parfois à des personnes fragiles. Et puis, bien sûr, la curiosité ! Moi qui n’ai pas de formation médicale, j’en apprends tous les jours auprès des clients et des professionnels de santé !


Travaillez-vous avec des ergothérapeutes et des professionnels du handicap ?
Oui, à chaque nouvelle création de manière générale je suis en lien avec un professionnel de santé qui accompagne mon client. Ce peut être son kiné, son ergo, son médecin, … Je m’adresse également à différents professionnels de santé lorsque j’ai une nouvelle idée et des questions à poser.


Avez-vous des projets en cours ou à venir dont vous aimeriez nous parler ?
J’ai énormément d’idées, mais chaque chose en son temps ! J’ai pour projet cette année de mettre en place une e-boutique facile d’accès pour le fermoir Ogive et le collier Rivière, destiné à habiller le cou, notamment pour les cicatrices dues à une trachéotomie ou thyroïdectomie, et développer une gamme d’orthèses permettant de répondre à une majorité de problèmes liés à la main.


Quels sont les retours les plus émouvants que vous avez reçus au sujet de vos créations ?
Beaucoup de personnes m’ont remercié « pour ce que je fais pour elles », je pense qu’elles entendaient par-là, le fait de voir la personne au-delà du handicap, et de remettre l’image et le plaisir au même niveau que le soin dans leur quotidien. Je ne m’attendais pas à recevoir ces mots, j’étais très touchée de voir l’importance que pouvait revêtir mon travail pour certaines personnes.