Rencontre avec Nicolas Bertin-Hugault, ostéopathe à Paris, (75006)
 
Selon vous, que recherchent les personnes en situation de handicap moteur durant les séances d’ostéopathie ?

Je pense qu’ils recherchent tout d'abord un confort et un bien être. Qui plus est, les personnes en fauteuil sont toute la journée dans la même position, ce qui implique automatiquement beaucoup de tensions, des déséquilibres et des douleurs. Donc, ils recherchent un vrai soulagement. Ils souhaitent parfois également trouver une alternative à la prise de médicaments. 
 
Avez-vous mis en place des soins spécifiques pour les personnes en situation de handicap ? Ou du moins, quand vous les recevez, comment agissez-vous sur leurs corps ?

Je n’applique pas de soins spécifiques mais il est essentiel de s'adapter au handicap de chacun. Par exemple, je ne peux pas forcément les manipuler assis ou allongés, que ce soit sur le dos, sur le ventre ou sur le côté.
Chaque patient est différent donc je cherche à comprendre l'organisation de leur corps, repérer les pertes de mobilité, les déséquilibres et j’essaye de rééquilibrer dans la mesure du possible. 
On retrouve néanmoins, surtout pour les personnes en fauteuil roulant beaucoup de tensions au niveau du bassin, des hanches, de la colonne vertébrale dans leur globalité mais aussi sur le plan viscéral.

A quels niveaux faut-il agir avec des personnes atteintes d’un handicap moteur ? Au niveau des souvenirs, des douleurs, des émotions, de l’absence de sensation et de vitalité ?

Nous allons autant travailler sur la douleur physique que sur la plan émotionnel et énergétique. 
L'idée étant d'apporter un bien être global. Donc, cela passe par le fait d’explorer toutes les sphères du corps sur les plans physiques et "psychologiques" et de le faire par le toucher. 
Les patients porteurs de handicap ont souvent un rapport difficile à leur corps. Le fait d’avoir quelqu'un en face d'eux qui n'est pas là pour les aider à se lever, se laver ou encore s’habiller, mais pour leur apporter un confort, est déjà une bonne étape vers un mieux-être et une meilleure acceptation du corps. 
Aussi, au niveau du souvenir et de la mémoire du corps, le travail est très différent quand c'est quelqu'un qui a un "handicap" de naissance ou quelqu'un qui a vécu un accident. Le travail sur le plan psychologique, émotionnel et mémoire du corps sera prépondérant dans le 2e cas.
 
Quels sont les types de soins et de massages que vous pensez bénéfiques d’appliquer sur des individus qui ont vécu une amputation ?

Le patient est considéré dans sa globalité avec son histoire de vie. Évidemment, le côté émotionnel va être encore plus important à travailler que chez un patient dit " classique". Certaines personnes vont ressentir des douleurs fantômes, comme si le membre amputé était toujours présent. Cela représente un nouveau gros travail émotionnel à réaliser. Nous allons également de nouveau travailler sur l’acceptation du corps. Et évidemment, tout un travail d'ostéopathie plus classique est à réaliser sur la mobilité du corps.