Marches attaque : une campagne de sensibilisation sur l’accessibilité avec des airs de ras-le-bol
À l’occasion de la Journée mondiale des mobilités et de l’accessibilité, l’APF France handicap a lancé, entre le 26 et le 30 avril, la campagne de sensibilisation #MarchesAttaque, avec PublicisLive, une agence d’événementiel. Son objectif ? Dénoncer le manque d’accessibilité dans l’espace public à travers un trompe-l’œil sur les escaliers de plusieurs villes de France. Son message ? Rester mobilisé pour réclamer un meilleur aménagement des villes. En effet, l’autonomie des handicapés est la clé de l’égalité des chances. Ignorer ou faire passer au second plan les problématiques quotidiennes rencontrées par ces personnes est une manière d’effacer ces dernières de notre société, alors qu’elles représentent une grande minorité de Français, soit environ 12 millions.
Des escaliers trompe-l’oeil, une action choc
Les trompe-l’œil sont une énorme fissure sur un escalier, donnant l’impression de tomber dans un trou en le traversant. Ainsi, les piétons peuvent se mettre à la place des personnes en situation de handicap. Les escaliers ont été conçus peu avant la Journée mondiale des mobilités et de l’accessibilité, dans 4 villes de France :
• À Paris : place de la République et rue de La Bonne, à Montmartre
• À Lyon : Croix-Rousse
• À Marseille : basilique Notre-Dame de la Garde
• À Brest : Mairie
Cette action choc dans l’espace urbain vise à alerter les pouvoirs publics, responsables de cette inaccessibilité persistante, mais aussi à éveiller la conscience collective afin que chaque citoyen puisse s’indigner des difficultés qu’ils n’accepteraient pas s’ils y étaient eux-mêmes confrontés.
Les réglementations de la loi handicap de 2005 repoussées d’année en année
Initialement, les lieux et transports publics devaient être rendus accessibles aux handicapés avant 2015. Mais, face à la lenteur de la mise en place des aménagements pour y parvenir, l’échéance a été repoussée et divisée entre plusieurs années (2018, 2021, 2024) en fonction du type d’établissement ou de service. L’APF déplore les nombreuses dérogations possibles dans le cadre de ce dispositif, freinant l’obtention de résultats suffisants.
Récemment, une maison de santé a été construite dans les Yvelines, sans aucune prise en compte de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite : un exemple de plus démontrant l’indifférence ou du moins l’inconscience générale en matière de handicap.
L’accessibilité, une norme qui dérange
« Aujourd’hui en France, on voit d’abord l’accessibilité comme une norme, gênante et contraignante, alors que c’est un droit, pourvoyeur de bénéfices », déclare la présidente d’APF France Handicap.
Trottoirs trop hauts et trop étroits, feux tricolores non sonorisés, escaliers sans rampe de seuil, absence d’ascenseurs dans les métros… La liste des manquements est vaste ! Selon une étude de l’Ifop réalisée en 2020, deux tiers des handicapés seraient confrontés à des difficultés dans leurs déplacements, notamment pour se rendre dans des ERP (Établissements recevant du public) tels que les commerces, les administrations, les cabinets médicaux et les lieux de culture.
Par ailleurs, force est de constater que ces infrastructures inadaptées concernent d’autres catégories de la population : personnes âgées, se déplaçant provisoirement avec des béquilles, avec une poussette, mais également les livreurs portant des charges lourdes.